Les femmes âgées ne seraient-elles pas victimes de violences ?
mercredi 17 janvier 2024
par Juliette

Quand on regarde, en France, les études et enquêtes réalisées sur le sujet des violences, et notamment des violences subies par les femmes, on est d’abord – sauf quand on a vraiment intégré à quel point nous baignons dans une culture âgisme – saisi·e par la surprise : il semblerait que les femmes âgées ne soient pas victimes de violences.

En effet, aucune des quatre grandes sources d’informations officielles sur le sujet n’indique qu’elles seraient victimes de violences. Étonnant quand même quand on sait à quel point âgisme et sexisme en se croisant se cumulent.

Alors on regarde de plus près, et l’on constate que :

L’enquête VIRAGE ("Violences et rapports de genre : contextes et conséquences des violences subies par les femmes et par les hommes »), réalisée par l’Ined en 2016, n’a interrogé aucune personne de plus de 69 ans.

L’Enquête Nationale sur les Violences Envers les Femmes (Enveff), menée en 2000, n’a interrogé aucune femme de plus de 59 ans.

L’enquête Evénements de Vie et Santé (EVS) (2005-2006) (DRESS, INSEE, Ministère de la Santé) s’arrête à 74 ans.

Les enquêtes annuelles Cadre de Vie et Sécurité (CVS), mises en place par l’ONDRP et l’Insee, depuis 2005. Rien sur les personnes âgées de plus de 74 ans.

Idem pour d’autres enquêtes moins connues (cf le tableau)

Si d’aussi sérieux organismes ne recueillent jamais aucune donnée sur les violences subies par les femmes de plus de 59, 69 ou 74 ans, c’est… Pas trop de choix en vrai (surtout qu’aucun d’entre eux ne juge nécessaire de justifier ce fait). C’est :
- qu’il ne doit pas y en avoir ;
- que tous ces organismes sont tellement indifférents à ces femmes de plus de 59, 69 ou 74 ans, qu’ils estiment beaucoup plus simples d’ignorer totalement leur existence.

A votre avis ?

On vous donne un indice :

Il n’y a qu’un organisme qui n’ignore pas leur existence, c’est le Ministère de l’Intérieur, celui qui plutôt que de regarder les femmes vivantes compte les femmes mortes, via son Etude nationale sur les morts violentes au sein du couple (2020).

Laquelle étude indique que 21% des victimes sont âgées de plus de 70 ans au moment des faits.

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Post Scriptum :
Cet article traite de la question des données (ou plutôt donc de l’absence de données) sur les femmes âgisées victimes de violences. Ce focus particulier ne signifie bien évidemment pas que l’âgisme-adultisme n’a pas une influence considérable sur les violences que subissent les enfants. Rappelons qu’environ 25% des adultes interrogé·es sur leur propre enfance relatent avoir subi durant celle-ci des événements assimilables à de la maltraitance grave.
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