En Angleterre, le Centre for Ageing Better vient de publier un rapport sur l’âgisme, synthèse de nombreux travaux de ces dernières années : Doddery but dear ? : Examining age-related stereotypes. En voici la synthèse proposée par The Guardian (19.03.2020).
[Une remarques : comme souvent, et c’est comme à chaque fois très regrettable, ce rapport restreint dans sa majeure partie l’âgisme aux personnes âgées, ce qui laisse penser que des gens d’autres générations, enfants et jeunes adultes en particulier, ne sont pas victimes d’âgisme ; ce qui participe aussi du coup d’une forme de séparation de ces générations âgées des autres, ce qui favorise l’âgisme...]
Rapport disponible, ainsi que d’autres ressources, sur le site du Centre for ageing better.
Doddery but dear ? : Examining age-related stereotypes
Au Royaume-Uni, les personnes âgées sont très mal vues. C’est le triste constat que fait un rapport publié par le Centre for Ageing Better - le Centre pour un Vieillissement Meilleur. Nos aînés sont « largement diabolisés », « généralement considérés comme incompétents, désagréables et un fardeau pour la société », « systématiquement raillés et traités avec condescendance ».
Le rapport, intitulé Doddery But Dear, Fragiles Mais Chéris, a passé en revue « toutes les recherches existantes sur les attitudes à l’égard du vieillissement ». Il en est ressorti qu’au point de vue professionnel, les personnes proches de la retraite ont la réputation « d’avoir des niveaux de performance inférieurs, une capacité d’apprentissage moindre tout en coûtant plus cher ». Du point de vue médical, le vieillissement est vu uniquement comme un facteur d’aggravation des soucis de santé, « axant les attitudes sur la mort et le déclin physique ». Enfin, dans les médias, le vieillissement est représenté comme un « fardeau sociétal », et les personnes âgées sont souvent affublées de quolibets tels « tsunami gris », « gouffre démographique » ou « bombe à retardement démographique ». Les médias britanniques, « facteur clé des attitudes négatives » selon l’étude, accusent même les personnes âgées de « consommer injustement une trop grande partie des ressources de la société ».
Le Center for Ageing Better appelle à un « changement de culture fondamental », pour « renverser » cette culture « ancrée ». « L’âgisme, comme toute autre forme de préjugé, a un effet profond sur notre estime de soi, notre bien-être et la façon dont nous vivons au quotidien explique Anna Dixon, la directrice du centre. Les réponses à la crise du Covid-19 ont soulevé de sérieuses questions sur la façon dont nous pensons et parlons des personnes âgées, et ont mis en évidence l’impact que ces attitudes peuvent avoir ».
Pour Deborah Alsina, directrice générale de l’association Independent Age : « Nous devons tous nous efforcer de faire en sorte que ces stéréotypes liés à l’âge soient totalement expurgés de notre discours public, aujourd’hui et à l’avenir. Il faut un changement culturel dans nos attitudes à l’égard des personnes âgées ». « L’âgisme a un impact négatif sur toutes les générations », explique quant à lui David Sinclair, directeur de l’International Longevity Center, ajoutant qu’il est « beaucoup trop répandu dans la société ». Il préconise de commencer par « s’attaquer aux attitudes condescendantes à l’égard des personnes âgées », car, ajoute-t-il, « l’âgisme sape fondamentalement la participation des personnes âgées à la société et contribue à accroître leur isolement et leur solitude ».
Les plus de 65 ans vont augmenter de 40 % d’ici vingt ans. Actuellement une personne sur trois se considère victime de préjugés ou de discrimination liée à l’âge. Des recherches ont montré que l’âgisme pouvait aller jusqu’à dégrader la santé physique et mentale des personnes touchées, et interférer dans les choix des traitements qui peuvent leur être administrés, leur durée, leur fréquence et leur pertinence. « La plupart d’entre nous allons vivre de nombreuses années de plus que les générations précédentes (…). Mais les attitudes dépassées et nuisibles mises à nu dans cette recherche empêchent trop de gens de profiter de ces années supplémentaires », s’attriste Anna Dixon.
Source : The Guardian, Amelia Hill (19/03/2020)
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