Une fois de plus, démographes et médias font dans la nuance.
Article du journal Le Monde, ce 20 décembre 2006.
Qui annonce :
« A l’horizon 2030, la France (...) comme la plupart de ses voisins européens, sera atteinte de plein fouet par un "vieillissement inéluctable", selon l’expression de l’Insee. »
Faut-il commenter le ton, les mots employés, et remarquer que ce sont rarement les perspectives ou nouvelles positives qui atteignent de plein fouet un pays ?
Plus intéressant : la suite de l’article indique les détails de ce "vieillissement inéluctable" en insistant sur l’augmentation du nombre de personnes de 60 ans et plus. Et, comme d’habitude, cet âge est associé à celui de la vieillesse, alors que nous ne sommes plus vieux à 60 ans !
Ainsi, on peut continuer à asséner : 60 ans = vieux ; donc augmentation des plus de 60 ans = augmentation des vieux, vieillissement, catastrophe, etc. !
Soulignons également que la journaliste parle d’une conséquence de ce « vieillissement » : « faire nettement grimper l’âge moyen des français ».
Le "nettement" ? : l’âge moyen des français va grosso modo passer de 40 ans aujourd’hui à 42 ans et des poussières en 2030. Ca grimpe sec !
Une fois de plus, donc, Insee ou Ined en appui de son incompétence ou de son ignorance, un journal enfile les clichés ou les inexactitudes :
en reprenant sans analyse la notion, discutable, de vieillissement d’une population (Cf. cet autre article) ;
en présentant donc comme une catastrophe l’arrivée à la soixantaine de nombreuses personnes nées dans les années 1945-1950 ;
en associant l’âge de 60 ans avec la vieillesse ;
en faisant donc croire que la France, dans 25 ans, sera un pays de vieux – et qu’un pays de vieux est un pays atteint de plein fouet par...
Tiens, j’y pense : il paraît que l’un des métiers où existe le plus de ségrégation par rapport à l’âge, où l’on est considéré comme un vieux dès 35 ans, est celui de journaliste.
Au-delà de 35 ans, risqueraient-ils d’écrire moins d’âneries sur les âges et le vieillissement ?