Dans un récent rapport remis au Premier ministre ("L’adaptation de la société au vieillissement de sa population : France année zéro", écrit par Luc Broussy), on peut lire au sujet de l’Observatoire de l’âgisme les propos suivants :
" S’il est important de lutter pied à pied contre les discriminations issues de la relation complexe entre le droit et l’âge, le combat peut aussi prendre une tournure plus idéologique et politique. La lutte contre « l’âgisme » peut alors consister à aller traquer les préjugés véhiculés contre les personnes âgées. En France, des experts et militants associatifs ont créé en 2008 un collectif baptisé « Observatoire de l’âgisme » qui malheureusement n’a pas pris son envol. Il avait pourtant bien commencé en dénonçant de manière originale le fait que certaines enquêtes publiques excluaient les âgés. L’enquête de l’INSEE sur les violences faites aux femmes ne concernait que les femmes de moins de 60 ans. Quant à l’INSERM et l’INED, elles avaient enquêté sur le thème de la sexualité auprès de 12.000 français dont aucun n’avait plus de 70 ans... "
L’Observatoire se réjouit de ce qu’un rapport officiel reconnaisse qu’il existe des stéréotypes et préjugés âgistes. Il n’y a pas si longtemps que cela, c’était les rapports officiels qui les colportaient sans même avoir conscience qu’il s’agissait de préjugés...
Nous nous réjouissons également, tout en étant surpris par les guillemets entourant le mot "âgisme", qu’un rapport officiel reconnaisse également qu’il existe en effet une lutte, idéologique et politique, contre ces stéréotypes et préjugés âgistes. Au même titre qu’il en existe contre les stéréotypes et préjugés sexistes ou racistes.
Nous devons en revanche rappeler, une fois de plus, que les préjugés et discriminations âgistes peuvent toucher tous les âges, et ne sont pas réservés aux "personnes âgées". Notre époque témoigne malheureusement bien de ce que les jeunes et les vieux, ou ceux considérés comme tels, sont souvent les premières victimes de certaines crises — il suffit de mettre les pieds dans une agence de Pôle emploi pour le réaliser.
L’Observatoire s’étonne en revanche de ce qu’on semble l’enterrer bien vite... S’il a connu des périodes plus ou moins actives, il observe, veille, réagit et alerte sans cesse depuis sa création.
Certes, il n’a pas pris son envol comme l’ont fait certaines associations soutenues ou subventionnées par les pouvoirs publics ou des entreprises. Mais comme le risque existe toujours, pour une association comme la nôtre, lors de ce type d’envol, de gagner en finances ce qu’elle perd en indépendance, nous ne regrettons pas d’être restés à une hauteur plus modeste, mais toujours indépendants de tout pouvoir.
Le site de l’Observatoire témoigne de ce que, depuis sa première réaction sur les enquêtes publiques (en 2008) jusqu’à ces derniers communiqués, il y a eu plusieurs dizaines de réactions, articles écrits ou proposé en lecture, réflexions, etc. Avec des époques plus actives et d’autres plus calmes, mais sans jamais abandonner notre vigilance.
Parmi les contributions proposées en lecture sur le site, d’ailleurs, l’une fut écrite par l’auteur de ce rapport, Luc Broussy, qui avait réagi en juin 2010 à des propos tenus par Alain Minc sur son père.
Nous sommes désolés que Monsieur Broussy n’ait donc pas vu que l’Observatoire de l’âgisme a bien pris, lentement mais sûrement, son envol et a continué d’exister entre 2008 et aujourd’hui.
Car nous ne doutons pas qu’il l’ignore réellement.
Sinon, il illustrerait ces paroles de Beaumarchais : « Feindre d’ignorer ce qu’on sait, de savoir tout ce que l’on ignore... voilà toute la politique », ce qui serait quand même assez inquiétant pour l’auteur d’un rapport de 200 pages ayant pour ambition "d’adapter la société au vieillissement".
Un rapport sur lequel notre Observatoire reviendra prochainement afin d’en analyser les propositions concernant justement la question de l’âgisme et des discriminations âgistes.